Madeleine Castaing (née Marie Madeleine Magistry le 19 décembre 1894 à Chartres, et, décédée le 17 décembre 1992 à Paris) est une antiquaire et décoratrice française.

Madeleine Castaing
Elle épouse en 1915 le critique d’art Marcellin Castaing, de 20 ans son aîné, réputé pour son impressionnant culture littéraire et artistique. Il lui offre dans les années 1920 une gentilhommière néoclassique dont elle rêve depuis longtemps dans la campagne de Chartres, afin qu’elle puisse se « défouler », et exprimer sa vocation naissante pour la décoration.
Les Castaing sont des mécènes, essentiellement de peintres de l’Ecole de Paris et d’artistes de l’académie de la Grande Chaumière. Madeleine est l’amie d’Erik Satie, de Maurice Sachs, de Blaise Cendrars, d’André Derain, de Jean Cocteau (dont elle aménage la maison à Milly-la Forêt), de Chagall, d’Iché, de Pablo Picasso, de Henry Miller, de Louise de Vilmorin, et de Francine Weisweiller (dont elle décore la villa de Saint-Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat).
A partir des années 1930, les choix artistiques de Madeleine Castaing jouent un rôle considérable dans le monde de l’art, aussi bien à travers sa profession d’antiquaire que dans son métier de décoratrice. Elle ouvre sa galerie d’antiquités rue Jacob à Paris en pleine guerre.

Gentilhommière de Lèves
Elle initie le style bourgeois-bohème-chic et libère les codes classiques de leurs carcans stylistiques. Son style particulier impose le mélange des genres et d’ambiances. Sa personnalité originale et fantasque lui permettent de mélanger, même à l’époque, une moquette au motif léopard et du mobilier style Napoléon III, d’y ajouter des meubles exotiques en bambou, et des objets chinés .
Elle met l’accent sur la matière en jouant avec de belles étoffes, aux motifs variés (losanges, faux léopards, rayures bayadères, chintz, motifs cachemires). Elle met la couleur bleue à l’honneur, bleu clair et intense qui lui sert souvent de signature. Madeleine Castaing s’inspire de l’esthétique néoclassique, en l’interprétant à sa manière. Selon sa propre devise, la décoratrice d’intérieur fait des maisons comme d’autres font des poèmes. Son disciple principal, l’architecte Jacques Grange, évoque à son propos « des émotions que l’on ne connaissait pas jusqu’alors dans le monde de la décoration ». Ces émotions influencent encore aujourd’hui les décorateurs et architectes d’intérieur français et étrangers.
J’ai un coup de cœur pour Madeleine Castaing, d’abord parce qu’elle est autodidacte. Je perçois, dans ses réalisations qu’elle s’est laissée porter par sa sensibilité féminine et sa culture artistique, nourrie de son métier d’antiquaire et de ses échanges avec des artistes. Son style inspire une grande liberté dans le mélange des genres, et demande une grande maîtrise, sans laquelle on peut vite être dans la fausse note.